Critique Shang-Chi : le retour du roi du box-office ? (2024)

Le Mandarin fait son entrée dans le MCU, le vrai. Après avoir été incarné par Ben Kingsley, le personnage des comics s’offre une nouvelle incursion sur le grand écran sous les traits de Tony Leung Chiu-Wai. Avec Shang-Chi et la légende des dix anneaux, Marvel veut souffler un vent de fraîcheur sur une saga qui semble à bout de course. La maison des idées va-t-elle retrouver les bonnes grâces du box-office?

À San Francisco, Shang-Chi vit une existence paisible aux côtés de son amie Katy. Mais lorsque la mystérieuse organisation des dix anneaux se met à sa poursuite, le jeune homme va devoir affronter son héritage familial et renouer avec un passé qu’il préférerait oublier. Il est le fils du Mandarin

Le lancement de phase 4 du MCU ne s’est pas fait sans embûche. Alors que la pandémie a contraint les salles obscures à garder portes closes, la maison des idées a dû intégralement revoir son programme. Décalé de plus d’un an, Black Widow n’a pas vraiment été les retrouvailles escomptées avec le succès. Le long-métrage de la veuve noire est le reflet d’une recette Marvel vieillissante, qui peine à se réinventer. Si plusieurs des prochains films de Marvel attirent le regard des cinéphiles, comme Doctor Strange 2 ou Spider-Man 3, force est d’admettre qu’un sentiment de lassitude générale se fait ressentir chez les fans de la maison des idées. C’est dans ce contexte post-pandémie que débarque Shang-Chi et la légende des dix anneaux, conçu en grande partie pour draguer le public asiatique. Disney n’en est d’ailleurs pas à son premier produit du genre, on se souvient du très moyen Mulan.

Mandar-deux

Mais Shang-Chi et la légende des dix anneaux bénéficie d’un avantage certain sur les aventures de la princesse Disney: le caractère inédit de son intrigue et la potentielle passerelle qui pourrait être faite avec Iron Man 3. Car si c’est la première fois que le pouvoir des dix anneaux (élément d’intrigue important des comics avec Tony Stark) est exploré sur le grand écran, le Mandarin a déjà fait une apparition dans le film de Shane Black. En 2013, c’est Ben Kingsley qui le campe dans le troisième opus des aventures d’Iron Man. Une exploitation qui n’avait pas vraiment convaincu les amateurs du personnage sur le papier glacé. Pour rappel, Aldrich Killian utilisait cette figure légendaire pour développer son projet Extremis. Le Mandarin qui apparaissait à l’écran n’était donc qu’une supercherie.

Dans Shang-Chi et la légende des dix anneaux, les choses sont différentes. Le Mandarin est une figure légendaire qui fait la pluie et le beau temps dans le monde depuis des siècles. L’intrigue explore au travers de ce parti-pris la notion de filiation et d’héritage, une soupe que nous ressert souvent la maison des idées, dans Black Panther ou Thor pour ne citer qu’eux. Pourtant, dans son introduction, le film de Destin Daniel Cretton parvient à faire quelques étincelles. Efficace, la première partie du métrage semble s’affranchir de la recette très codifiée de Marvel et pose les jalons d’un univers novateur et ambitieux. Si on n’échappe pas aux blagues parfois lourdingues des productions du genre, le déroulé est plutôt fluide.

Néanmoins, après une heure assez rafraîchissante, les choses se gâtent. Shang-Chi retombe dans les travers de la maison des idées, pour qui super-héros rime trop souvent avec spectacle son et lumière en CGI. Si c’est loin d’être dommageable, on aurait aimé que le cinéaste pousse le curseur de la nouveauté un peu plus loin. Le scénario souffre de quelques faiblesses et ne parvient pas à surprendre à chaque instant. Pour autant, lorsqu’il explore les relations entre les personnages, il se révèle assez convaincant.

Baston et dragons

Les inspirations de Destin Daniel Cretton sont nombreuses. Dans sa forme, le film entend rendre hommage aux films d’arts martiaux, en témoigne la présence de Michelle Yeoh (Tigre et Dragon) au casting. Le réalisateur prend un malin plaisir à mettre en scène l’action et ça se voit. Efficaces et admirablement chorégraphiées, les séquences de corps-à-corps sont sans aucun doute la force du film. Même si Shang-Chi et la légende des dix anneaux abuse parfois du ralenti, Cretton et son inventivité nous livrent un long-métrage jouissif et décomplexé qui redonne des couleurs au MCU.

Il filme aussi avec beaucoup d’aisance les décors urbains, qui deviennent le théâtre d’affrontements spectaculaires et vertigineux. En revanche, lorsque le film explore les contrées reculées d’un petit village chinois, les choses se compliquent un peu. L’omniprésente d’effets numériques rend le tout un peu plus impersonnel, et ce sentiment est renforcé par la photographie, calibrée pour coller à l’identité visuelle du MCU.

Un casting musclé

Devant la caméra, Marvel a fait appel à plusieurs étoiles montantes du petit écran, à commencer par Awkwafina, toujours excellente dans son registre. L’actrice et rappeuse offre un beau contre pied au personnage de Shang-Chi et le duo qu’elle incarne avec Simu Liu crève l’écran. Ce dernier livre une performance musclée et à la hauteur du défi. Il fait appel à toute la physicalité nécessaire à ce genre de production, sans pour autant délaisser l’intrigue et ses enjeux. Quelques figures emblématiques du 7e art sont aussi de la partie, à commencer par Tony Leung Chiu-Wai et Michelle Yeoh, qui font honneur à leur réputation.

Après un précédent long-métrage assez décevant, la maison des idées parvient à se réinventer un peu avec Shang-Chi et la légende des dix anneaux. Premier film depuis le début de la pandémie a être intégralement diffusé au cinéma à travers le monde, le long-métrage de Destin Daniel Cretton a toutes les clés en main pour s’imposer au box-office international.

Shang-Chi et la légende des dix anneaux sort ce mercredi 1er septembre en France.

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